Le pays sans fleur conte d’Océanie traduit et illustré par Peggy Nille

Partie 1 :
« Un grand malheur s'abattit sur la
nature ; toutes les fleurs, celles des
bois, celles des prairies, celles des
collines, celles des bords de mer, celles des berges des rivières et celles des lacs
moururent instantanément. »

La mère contait doucement en attendant le taxi. L'enfant écoutait avidement. Il était petit peut-être cinq ans. Il avait de fin cheveux noirs en bataille, des yeux noisettes captivés, des lèvres entrouvertes d'émerveillement et un visage fin plein de la délicatesse de l'enfance.  

Il avait presque le souffle coupé, il tourna le regard vers le trottoir, il n'y avait que du ciment pas de fleur bien différent du village japonais où il habitait. Il se sentit triste. Il savait que quelque chose changeait. Sa maman lui avait parlé d'un endroit où il serait bien et aurait un avenir meilleur qu'avec eux et leurs petites boutiques une librairie et  une échoppe de fleuriste qui battaient de l'aile. Hisao ne comprenait pas bien l'expression ni la situation. Cet endroit lui avait-elle dit sa sœur le quittait aujourd’hui mais il en avait déjà visité le village, est ce qu'il se souvenait ? Non Hisao ne voulait pas se souvenir, de suite pour enlever la peur de partir il s'accrochait à la voix de Maman contant l'histoire.

« Maman » fit-il à la fin de l'histoire «  Il y a des fleurs dans l'endroit où je vais ou pas ? »

L'enfant semblait triste alors la maman le prit dans ses bras et le serra fort.

« Maman tu pleures ? »

Elle lui sourit : «  Ce n'est que de la pluie. »

Elle lui caressa le front : « Je suis sûre qu'il y a des fleurs et tu en planteras aussi d'accord ? »

Le petit garçon sourit : « Oui promis juré ! »

Le taxi arriva et emporta l'enfant vers l'école loin de sa maman qui pleuvait et de son papa qui avait mis une main sur l'épaule maternelle et souriait à l'enfant qui partait tristement.

L'enfant pleura un peu puis il serra fort le livre de conte donné par sa maman :  «   Le pays sans fleur » traduit et illustré par Peggy Nille. Il ouvrit le livre traduit en japonais, il ne savait pas encore lire mais il connaissait par cœur l'histoire à force de l'avoir entendue. Il caressa doucement les illustrations et pleurant encore un peu il murmura : «  Je planterai des fleurs là bas ! »

Partie 2 :

«  Ne laissant aux habitants que leur imagination pour voir des fleurs »

A Howalon, le système éducatif est effectif à partir de six ans. En dessous de cet âge, les enfants sont gardés au village chez un membre de la Section STAR. Hisao est entré à cinq ans. Ce membre fut une dame aux doux et longs cheveux de nuit noire si beaux. La voix de la dame qui les gardait était douce. Elle ne ressemblait pas à la voix de sa mère c'était dommage mais elle restait douce et bienveillante.

La première année de sa vie à Howalon du haut de ses cinq ans Hisao la passa avec des plus petits que lui pourtant ce n'est pas lui qui se défendait le mieux. Les petits appréciaient Hisao pour sa gentillesse et sa douceur. Alors le petit garçon avait toujours une horde de plus jeunes derrière lui prêt à prendre sa défense si on l' embêtait.

Petit Hisao détestait et évitait au maximum les conflits. Les disputes lui faisaient peur et il avait tendance à se ratatiner quand il était disputé. Il n'aimait pas les débats bien qu'à l'écoute il préférait quand tout le monde était d'accord.

Il apprit vite la lecture avec la dame et ce même avant le primaire tant il était curieux et éveillé. Il lut beaucoup de livres aux plus jeunes dans ce cocon de tendresse. Son auditoire était perché à ses lèvres attentif, le souffle un peu retenu, il faut dire que Hisao contait très bien malgré son jeune âge. Il adorait lire à voix haute aux plus jeunes son livre de conte préféré: « Le pays sans fleur » et avec le ton !

Hisao recevait beaucoup de lettres de sa famille que la dame lui lisait. Car les lettres sont bien mieux d'après lui quand une autre voix les lit.  C’était spéciale une lettre, précieux, le plus vivant des textes.

Ainsi il savait que sa famille l'aimait et si parfois il était un peu triste, le sourire de la dame s'occupant du groupe de petits à Howalon et les demandes de lectures d'histoires des petits consolaient bien vite le jeune enfant de cinq ans.  

Partie 3:

«  Parmi tous ces enfants il  en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu pour toujours »

A six ans il entra en primaire. Il était poli, bon élève et toujours bénévole et motivé aux divers événements. Il avait déjà son charme et des camarades l'appréciaient autant par son minois que  par sa droiture. Il débuta alors les examens à l'hôpital et là...

Il eut peur. Il se fit tout petit, réussit à sécher les prises de sangs et examens parfois. Il se faisait parfois rattraper, pleurait beaucoup.

Il en faisait même des cauchemars des torches en blouse blanches le poursuivaient dans des couloirs d'hôpital avec une seringue et une valisette d'outils. Il tombait et se faisait attraper juste avant de se réveiller en hurlant au grand malheur de son colocataire de chambre.

Depuis qu'il avait vu la boutique de sa mère fleuriste brûler à ses quatre ans et endetter sa famille, l'enfant avait très peur du feu qui détruit les fleurs. Les fleurs sont bien vivantes alors pour l'enfant ce jour là il n'y eut pas que des dégâts matériels.

Il avait donc en plus grande peur le feu et les médecins, pas seulement car il n'aimait pas les examens certes c'était désagréable mais car le médecin de famille était brusque avec les bébés et petits enfants qui gigotent, il ressortait toujours avec des bleus aux vaccins et la peur au ventre, car il grondait les enfants qui gigotent, en y allant et repartant, et comme il exerçait à l’hôpital le petit garçon avait aussi fait de ce bâtiment un endroit effrayant.  

Hisao faisait donc des cauchemars.

Cela se sut, le colocataire alarma les professeurs et un psychologue le reçut. Le bureau du psychologue était coloré comme les fleurs et joyeux, il y avait des cactus en pots qui avaient besoin d'eau, c'est la première chose que remarqua l'enfant de sept ans qui  refusait de parler de l'hôpital rien que le mot lui fait peur.

« Vos plantes ont soif ! » dit le petit Hisao après un long silence.

« Tu veux t'en occuper ? » proposa le psychologue qui pensait que responsabiliser les enfants les aide. Mais pour Hisao c'était bien plus que cela. Un sourire radieux apparut sur ses lèvres premier dialogue entre lui et le psychologue.

Les cactus allaient mieux, Hisao faisait moins de cauchemars rêvant de ses cactus et même de la jardinière de pots qu'il entretenait avec le psychologue des  rhododendron rouges, violets, jaunes et blancs y poussaient.

Restait la peur dévorante que le petit garçon avait en allant ou en se cachant quand il pouvait à l'hôpital de Howalon.

Partie 4:

« Si le sorcier leur redonnait les fleurs »

L'enfant avait atteint neuf ans, il avait toujours peur. Un jour sur la route de l'hôpital il chuta et pleura le genou en sang. Mais ce n'est pas son genou qui le faisait pleurer.

Un petit garçon de huit ans approcha, il se nommait Haru Daita.

« Qu'est ce qui ne va pas ? » demanda Haru.

« J'irai pas, j'irai plus jamais ! » explosa le petit Hisao en larmes. Il s'assit et Haru demanda : «  Où ça ? »

«  C'est que j'ai peur moi j'ai peur de l'hôpital, des médecins, des prises de sang et des examens, j'ai peur, j'ai très très peur à en devenir mal ! » tenta de se calmer en vain le petit de neuf ans.

Haru lui dit que pour lui c'est comme des piqûres de moustique sans que ça gratte, mais qu'il peut comprendre que ça fasse peur. Il lui dit de voir ça comme un exercice de courage et qu'ils joueront à celui qui fait répéter le plus un mot à l'infirmier

«  C'est vrai tu feras ça ? On affrontera l'hôpital à deux ? Et ça peut être marrant pour l'infirmier ! Alors je veux bien tenter d'y aller même si j'aurais toujours peur tu seras là ! » dit Hisao neuf ans avant de sourire à Haru huit ans : « Merci Haru-sempai ! »

Haru-sempai était vraiment courageux Hisao voulait suivre ses pas !

Ce qui était plutôt marrant vu que c'était Hisao le plus grand. Haru accompagna donc Hisao à l'hôpital le plus souvent possible. Même une fois au collège Hisao demandait au plus jeune encore au primaire de l’accompagner qu'importe ce qu'on en disait.

Cela lui permettait de tenir là dessus, malgré sa terreur, la présence de Haru-sempai plus jeune.  

Partie 5:

«Alors vivant de toutes mes forces, je serai une fleur»



L'année de ses dix ans l'enfant attrapa une grave maladie des poumons, son père libraire lui envoya un colis du manga « Karakai Jōzu no Takagi-san » et sa mère fleuriste  une jacinthe pas encore éclose quand à sa sœur elle  avait glissé dans le colis un gros sachet de barbe à papa.

Il faisait froid et l'enfant était resté longtemps sous la pluie pour trouver un autre primaire qui avait oublié son parapluie à son atelier de jardinage qui n'était pas encore vraiment un club, les membres n'en étant pas mais plus des gens lui donnant un coup de main parfois. Il avait demandé une salle, au bureau des élèves, dans la maison de l'enfance, pour y entreposer ses jardinières et plantes en pots, une pièce délabrée lui avait été accordée comme les membres allaient et venaient et qu'aucun professeur n'était encore chaperon du club, la pièce qui ne sert plus suffisait et quand il était seul il s'occupait de ses plantes, seul. Et comme personne ne voulait de cette pièce vétuste cela ne dérangeait pas.

Et puis les professeurs sont toujours heureux quand un élève s'implique. Même si le « club » devait se débrouiller car il n'en était pas vraiment un ou il était plutôt en construction. En effet, au début pourtant cela avait été un vrai club il y avait cinq motivées et un vieux professeur qui ne faisait plus que les deuxièmes années en primaire pour sa dernière année d'enseignement qui se porta volontaire et aida avec les autres à retaper la salle. Mais quand il partit à la retraite le groupe se désintéressa du club sauf Hisao qui se battait de toute sa sueur pour que les fleurs et le club survive, il faisait beaucoup de publicités pour celui-ci et en parla même au journal de l'école et ne manquait pas une occasion pour vanter les mérites du jardinage.

Et de ses précieuses fleurs.

Mais à présent il se retrouvait hospitalisé à cause de la fragilité de ses  poumons !

Dans le lit immaculé, Hisao lut les  volumes parus du manga  « Karakai Jouzu no Takagi-san »,  Takagi et Nishikata le firent rire aux éclats il décida qu'il demanderait l'animé pour son anniversaire. Il était devenu fan de la série. Il arrosa la jacinthe sur sa table d'hôpital. Mais ne mangea pas de la barbe à papa, il se sentait trop faible pour manger. Il regardait la perfusion dans son bras avec terreur, les murs blancs qui l'oppressaient, les blouses qui passaient dans le couloir qui l'effrayaient et il se mit à pleurer à chaudes larmes.

C'est alors qu'Haru apparut à la porte, le plus jeune lui avait rendu visite ! La peur de Hisao fondit comme neige au soleil et il sourit dans un : «  Haru-sempai ! » mêlé d'une quinte de toux.

Partie 6:

«Au milieu de nous se dispersent comme des pétales de fleurs
C'était un miracle »

La fin de l'année de ses onze ans, il avait réussi à avoir le niveau du collège malgré ses deux mois à l'hôpital à dix ans ! Cela avait été terrifiant et plein de cauchemars, sans les visites de Haru et des camarades lui apportant des exercices et le soutien postale de sa famille il aurait craqué. Décidément l’hôpital lui faisait peur. Donc comme il avait réussi, il reçut l'animé en DVD « Karakai Jouzu no Takagi-san », un lecteur CD-DVD, un cactus qui fleurit en pot et un CD de sa sœur avec un mot : «  Maman te chantait les chansons de cette chanteuse tout comme à moi d'ailleurs , bébés », tout cela la famille lui donna en main propre et non dans un colis lors d'une visite au village de celle-ci, ce fut un super jour plein de rire et de barbe à papa.

Sa maman lui fit écouter sa chanson préférée de cette chanteuse qui revenait souvent quand elle chantait de sa voix douce comme la chanteuse bien que n'en ayant pas le talent mais le timbre doux de la voix les réunissait, amenait des souvenirs.

Cette chanson était Hana ( fleur) de Rie Takahashi et elle devint la chanson préférée de Hisao qui se la murmurait chaque soir pour faire de beaux rêves et chasser les cauchemars parfois cela marchait.

Autant la voix de l'enfant était jolie, posée, douce tout en sachant mettre le ton bien que s'essoufflant vite, autant il excelle au jardinage, autant il était maladroit et tombait facilement et un vrai maternelle de trois ans en niveau de dessin donc il était imaginatif mais pas doué en art donc tout juste niveau passable.

Mais la plupart des autres matières il avait un bon ( Mathématiques, Japonais ) assez bon (Art ménagers à cause de sa maladresse il en a renversé des seaux !) et très bon niveau en Sciences, se passionnant pour le vivant.

Howalon privilégiant l’autonomie à la compétition. Il n’y a pas d’examen à proprement parler mais des restitutions de connaissances sont quelques fois proposées aléatoirement par les professeurs. L’équipe pédagogique fait des points réguliers avec ou sans l’élève sur leur projet personnel.
D'où le mot niveau à avoir et non note.
Ces restitutions se passant bien en primaire et les points réguliers aussi, l'année de collège promettait de bien se passer !

De plus pendant les vacances  il avait eu l'autorisation de faire un parterre de fleurs dans la cour intérieure du collège et sa candidature d'être secrétaire au bureau des élèves du collège a été acceptée, il était fier de faire comme Haru son cadet d'un an qu'il voit encore en sempai et espère que tout se passera bien dans ce rôle.

Il fera au mieux et il peut toujours demander de l'aide à Haru Daita secrétaire des primaire et meilleur accompagnateur pour l'hôpital !

Que l'année commence !

Et fleurisse fleurisse encore !

Ton bonheur, ta douleur, ton tout
Eh bien, fleuris alors en entier, de plus en plus et de plus en plus

Il n'est pas fou
Il y croit c'est tout,
Il attend debout,
Une rose à la main

« Dans la prairie, les fleurs ont été modifiée par un Alice inconnu. Ces croisements ne peuvent que vivent sur l’île et semblent avoir une identité propre. Certaines  vous veulent du mal, mais certaines possèdent en elle l’écho de la création de l’île. Elles répètent des bribes de conversation, cependant il est difficile de démêler le vrai du faux. »CF Mystères de l'Académie

Hisao connaissait bien ce mystère, il allait arroser régulièrement les fleurs de la prairie, il leur parlait longuement et elles lui répondaient. Elles savaient ses peurs et ses rires bien plus que n'importe qui.

Les fleurs de la prairie le voyaient presque comme leur enfant. Elles l'avaient surnommé «  Petit Bourgeon » en référence au petit d'à peine six ans qui les avait rencontré un arrosoir à la main la première fois. Il les arrosait si précautionneusement le tout petit garçon avec son gros arrosoir que les fleurs avaient décidé de le tester. Les humains sont des hypocrites ! Ainsi l'une d'elle a craché des insultes au tout petit.

« Tu es si belle petite fleur pourquoi dis tu de vilain mots ? »   s'étonna le petit garçonnet avec innocence.

«  Tu es latent c'est ça ? On t'as entendu pleurer face à l'hôpital ! » dit une fleur.

«  Tu as raison d'avoir peur là bas ils font des expériences, il paraît même qu'un jour un enfant a perdu ses yeux et ses mains ! » ricana méchamment  une autre fleur Alice.

De grosses larmes coulèrent sur le visage du petit garçon. Les fleurs croyaient avoir réussi à le blesser suffisamment pour qu'il les déteste et leur prouve une fois de plus que les humains sont des déchets. Mais le petit garçon ne se fâcha pas. Il pleura silencieusement et à travers ses larmes silencieuses il bredouilla : « Mais si je n'ai plus d'yeux je ne pourrais plus vous admirer, si je n'ai plus de main comment faire pour vous arroser ? »

Les fleurs regardèrent l'enfant en larmes. La plus âgée des fleurs dit : « Personne ne touchera à tes mains et à tes yeux, je te le promets. » L'enfant dit à la vieille rose Alice : « Tant mieux je suis heureux alors ! Je pourrai prendre soin de vous comptez sur moi ! » Il fit un grand sourire aux fleurs. Attendries les fleurs s'exclamèrent : «  Tu es un bien étrange humain, Non...Pour nous tu seras un bourgeon, Tu seras Petit Bourgeon ! »  

C'est ainsi que les fleurs adoptèrent l'enfant qui les adopta en même temps, oh il ne changea pas leur nature profonde et nombres de fois elles lui dirent du mal des autres élèves mais lui était épargné car il aimait les fleurs et les fleurs l'aimaient en retour.

Alors à chaque fois que l'enfant, encore aujourd'hui  à 12 ans, avait le cœur gros ou des ennuis il allait en parler aux fleurs de la prairie et écoutait aussi leurs réactions pas toujours bienveillantes mais jamais vraiment méchantes envers lui.

Les fleurs de la prairie ont bien des défauts.

Mais pour Hisao ou Petit Bourgeon ce sont ses amies alors il est là pour elles.