Les adultes, c'est pourri.

Ça te donne des conseils sans même les appliquer, ça ne sait que hausser le ton pour pas grand chose, finalement.

Parfois, on peut douter que les adultes aient jamais été enfants, il est difficile de les imaginer en culottes courtes vagabondant dehors tellement l'image deviendrait insolite. D'ailleurs, les adultes eux-mêmes doivent avoir du mal à se souvenir de cette époque.

Alors bon. Abe était assis là, presque tranquille, légèrement à l'écart des autres enfants. Ce n'était pas que ces derniers n'étaient pas accueillants, ou même désagréables (pire, ils auraient pu être traumatisants!), non. Ce n'était juste pas sa nature de s'approcher spontanément de cette masse informe prenant du plaisir à jouer au football et avoir des discussions des plus joyeuses. Cernes sous les yeux et tête dodelinant à cause d'une nuit particulièrement mauvaise, le jeune homme bougonnait dans ses moustaches, à cause au choix du menu de la cantine, particulièrement déplorable ce jour précis, de son lit qui grinçait et de l'absence de colis récent de la part de sa mère.

Ce n'était pas comme s'il avait pu choisir d'autres sujets de préoccupation, car pour cela, il y en aurait eu beaucoup plus, du vernis noir qui partait beaucoup trop rapidement de ses ongles ou sur le manque d'approvisionnement qui faisait qu'il ne lui restait plus que quelques uns de ces produits dans ce qui lui servait de refuge secret interdit aux adultes (alias sa chambre)

Abe aurait bien voulu que le temps soit plus grisonnant. Il appréciait les nuages sombres et les gouttelettes de pluie qui tombait (lorsque le ciel était dans cet état, cela faisait même partie des rares moments où il était de (relative) bonne humeur.

Il faisait donc beau, le soleil lui brûlait les joues et il avait enfilé en conséquence un superbe bob, l'un des seuls qui restaient sur les étagères à ce moment, donc une création des plus originales vertes ornées de grenouilles qu'il n'assumait pas du tout. Sans doute un truc qu'il aurait porté sans y accorder trop d'importance lors de son arrivée mais qu'il reniait complètement maintenant.

L'ennui était total, pourtant, les enfants, eux, semblaient bien s'amuser.

Lui comptait les secondes avant la fin de cette journée. Il releva la tête lorsqu'une voix commença un dialogue étrange ; l'instinct lui souffla qu'il s'agissait d'un mort, aussitôt, il soupira. L'ombre voulait qu'il creusa sur le côté de l'orphelinat, on était censé y trouver un souvenir.

Bah. Pourquoi pas ?