Vos lèvres se fondent, confondent, le baiser t'entraîne dans un ballet que tu es ravi.e de danser avec lui comme partenaire. Dans ton ventre, des milliers de papillons qui s'envolent, tu te sens t'envoler avec eux Tetsu ; tu as l'impression de toucher le ciel rien qu'avec ses lèvres et cette sensation t'avait diablement manqué.

Comment avais-tu pu t'en passer ces dernières années ?

Alors, naturellement, lorsque vous vous reculez, tu avoues que ce n'est pas l'envie qui te manque de tomber amoureuse. Parce que la sensation est plaisante lorsqu'elle est réciproque, parce que c'est un sentiment unique que tu as déjà vécu et que tu aimerais revivre, parce que ça fait battre ton cœur un peu plus fort et que tu ne t'es jamais senti.e aussi vivant.e qu'en étant amoureuse.

Ouais, la sensation t'avait vraiment manqué.

Et Jessie continue de t'amuser, de s'amuser, ça se voit sur les traits de son visage que tu regardes toujours de très près, pas décidé.e à vouloir te séparer de lui. Tu éclates même de rire à ses mots, secouant la tête d'un air faussement désespéré sur le visage. « Eh bien, monsieur Brooks, je crains que ça ne soit pas pour tout de suite. » Dans pas longtemps, peut-être ; parce qu'il te fait rire, qu'il te fait flotter, que tu te sens toi-même entre ses bras et qu'il semble prendre soin de toi. « Ce que tu dois faire... » Souffles-tu et tes doigts viennent se glisser entre ses mèches, les entortiller autour de tes doigts, jouer avec doucement. Fils d'or que tu tiens, aussi précieux que tout le reste et de tout ce qui fait de lui Jessie Brooks. « Sois toi-même et ça viendra. » Finis-tu par conclure d'un air décidé, avant de rire doucement et de nicher ton nez au creux de son cou, là où tu déposes un petit baiser taquin. « Et moi ? Que dois-je faire pour que tu tombes amoureux, Jessie ? »

Il te fait penser à un petit chat, lui aussi. Il a le même réflexe que toi lorsqu'il avait sa main dans tes cheveux, celle de pencher la tête pour intimer à continuer les caresses. Ca te fait rire, sourire, ça fait fondre ton cœur un peu plus encore – et peut-être bien que tu mens, peut-être bien que tu es déjà amoureux.se, que ça se sent sur chaque parcelle de ta peau, mais tu as un peu peur d'être amoureux.se aussi, ça n'est pas que du bonheur, et tu es terrifié.e à l'idée de ne pas le connaître assez.

Froncement de sourcils lorsqu'il te parle de le haïr – pourquoi ferais-tu une telle chose ? Les mots sont forts, puissants, toi tu as plutôt l'impression qu'il se parle à lui-même. Se haïr est quelque chose que tu as bien connu, se sentir au fond du gouffre, comme la dernière des merdes, se haïr et quelque chose t'insupporte dans cette idée alors tu continues tes caresses, un peu plus fort peut-être, pour le ramener à la réalité, celle que tu es là, auprès de lui. « Je ne déteste qu'une seule personne dans ma vie et je pense que tu as compris qui c'est. » Pas la force de le répéter, mais le sous-entendu suffisamment clair pour qu'il comprenne où tu veux en venir. « Tu es comme cette personne ? » Et c'est ça qui te terrifie encore, en réalité ; on ne connaît rarement une personne avant de voir son côté sombre, et si son côté sombre était aussi violent que lui ? Mais chacun de ses gestes, chacune de ses paroles t'indiquent le contraire, ça te paraît impossible, en cet instant, qu'il soit comme lui.

Et puis,
et puis
il te glisse entre les mains
un bouquet de fleurs – piquantes comme des roses.
Aveu même pas caché,
peut-être est-il déjà amoureux et tes yeux se ferment, un instant, pour profiter du moment.

Pour profiter de ton cœur qui s'affole,
de ta poitrine qui se gonfle de bonheur
ah
tu es bien trop heureux.se
pour quelqu'un qui n'est pas amoureux.se.

« J'ai peur de ne pas te connaître assez. » Finis-tu par avouer. Parce qu'il n'a pas à être le seul à s'exposer, tu te dis que ça vaut la peine d'ouvrir un peu ta poitrine, de lui laisser entrevoir ce qui se cache à l'intérieur. « J'ai peur de ne pas te connaître assez, de tomber amoureux.se d'un mirage et de m'écraser. » Mais c'est déjà trop tard – ça se sent, partout autour de toi, les fleurs qui te murmurent que tu mens mal, que tu devrais prendre des cours auprès d'elles ; déjà amoureux.se et voilà,

tes pupilles dans les siennes.

« Mais... »

Silence, hésitant.

« Je crois que je préfère encore chuter plutôt que de te rater et de m'en vouloir pour l'éternité. »

Tu lui demandes, avec toute l'honnêteté du monde, s'il est comme ton père. Ca paraît stupide, de demander ça, comme si les hommes violents allaient répondre oui, je suis comme lui, je lève la main un peu trop lourdement sur les femmes et les enfants ; oui, je suis comme lui, un peu trop violent, un peu trop malfaisant. Personne ne répondrait ça mais tu poses quand même la question, attends de voir sa réaction. Plus que les mots, c'est les gestes qui comptent et Jessie lui a décidé de secouer la tête jusqu'à se la dévisser. Il paraît presque effrayé par cette possibilité, et ça te tire un sourire soulagé. « Alors je ne risque pas de te haïr. » Conclus-tu d'un ton tranquille, décidé.

Tu lui avoues ensuite ce qui te passe par la tête depuis le début, la peur qui te serre au niveau du ventre mais ta volonté de la dépasser. Tu lui avoues la seule et unique raison pour laquelle tu n'oses pas dire que tu es amoureux.se, la seule et unique raison pour laquelle tu t'empêches d'être amoureux.se ; et elle paraît vraiment stupide, cette raison, lorsque tu la dis à haute voix. Pourtant, Jessie se fait encore plus doux. Encore plus tendre.

Il te vole un peu plus ton cœur lorsque ses doigts glissent sur ta joue, rassurant contact.

Tu te sens bête mais lui t'avoues que tu as raison.
Que vous pouviez aller doucement – aller à ton rythme à toi.

Tu pourrais en pleurer, Tetsu ;
l'émotion qui envahit ta cage thoracique, qui la gonfle à ce point
ce bonheur surpuissant qui t'envahit et rien qui ne l'empêche de traverser tout ton corps dans un courant électrique qui te fait sourire.
« D'accord. On a le temps » Que tu répètes pour te rassurer, pour le rassurer, pour vous rassurer tous les deux. Pour bien faire comprendre que ça n'est pas la fin mais le début de quelque chose de grand, de beau, de doux. Quelque chose qui fera tourner vos têtes, flotter sur un petit nuage et tous ces trucs qu'on lit dans les romans à l'eau de rose que tu aimes bien lire parfois.

Il te faut juste un peu plus de temps que les autres pour aimer sincèrement, complètement.

Tes yeux s'écarquillent lorsqu'il te donne plein d'informations sur lui – non pas que tu ne t'y attendais pas ou que cela t'effraie, simplement... Simplement, vous aviez beaucoup plus en commun que tu ne l'aurais cru. Et son rire, son rire qui fait pétiller tes yeux, son rire qui fait chavirer ton cœur, son rire qui retentit et qui fait rire les fleurs autour de vous, tu pourrais l'écouter pour l'éternité.

« J'adore le sucre aussi. J'ai une réserve de bonbons et de gâteaux dans ma chambre. Oh, et je bois souvent des bubble tea. Tu devrais venir en boire un avec moi, un jour ! » Tu oublies totalement de préciser que c'est Haru qui te les fait – mais il devrait savoir que tu as un coloc, non ? (Non)(ce n'est qu'un détail). « Je lis beaucoup, moi aussi. Enfin, quand j'ai le temps, c'est que la filière vétérinaire m'en laisse pas beaucoup. Mmmmh... J'écoute beaucoup de musique, aussi, je passe rarement une journée sans. » Tu sembles réfléchir à ce que tu pourrais dire d'autre, ton regard dans le vague, une moue concentrée sur le visage. « J'aime bien t'embrasser, aussi. J'aime beaucoup ça, même. » Et le revoilà, ce petit sourire espiègle que tu lui tends, avant de rire à ton tour.« Je n'ai pas vu le temps passer, mais il est bientôt l'heure de manger... » Annonces-tu alors après avoir jeté un coup d’œil à ton téléphone. « Je t'invite à dîner ? Bon c'est la cafet' mais... » Et tu ris encore, rien qu'un peu.