Il y a plusieurs années de ça, un homme originaire d’un pays d’Europe du Nord a déménagé au Japon pour son travail. Là-bas, il rencontra une personne qu’il n’imaginait pas partager sa vie avec. Une femme, japonaise, avec qui il apprit à faire connaissance, et qui, au bout de plusieurs rendez-vous, devint beaucoup plus qu’une connaissance, ou qu’une simple amie. Ses deux individus s’aimaient plus que tout, et cette femme se confia à l’homme qu’elle aimait sur un secret qu’elle avait longuement hésité à dire. Mais elle l’avait dit, finalement. Et ce secret qui n’en était plus un entre eux deux allait être plus important qu’ils ne pouvaient l’imaginer.

Plusieurs années d’amour après, ils eurent un enfant. Un garçon, avec des yeux bleus, hérités de son père. Et puis des cheveux roux. Sûrement hérité du père aussi. Ce garçon fut nommé Haruki, un choix parfait aux yeux des parents.

Haruki était un enfant comme les autres…enfin pas aux yeux des autres en question. Un enfant japonais avec des yeux bleus et des cheveux roux ? Ce n’était pas fréquent au Japon. Les autres enfants le regardaient bizarrement, et lui disaient aussi qu’il était bizarre. Cela causa à Haruki une difficulté à s’intégrer avec les enfants de son âge.

Une difficulté qui allait changer sa vie.

Dans un parc, par un après-midi ensoleillé, Haruki ne savait pas ce qui lui avait pris mais il s’approcha d’un groupe d’enfants, dans la tentative de s’intégrer, une fois pour toute.

Fois qui n’arriva jamais. Dès qu’il tenta de parler, un enfant le poussa et lui dit de ne pas venir jouer avec eux, car il était bizarre. Les autres enfants confirmèrent les paroles du premier.

« Je veux que tu te taises. »

Soudainement, silence. L’enfant qui avait lancé cette idée de critiquer Haruki alors qu’il faisait de son mieux ne parlait plus. Il essayait, mais rien ne sortait. Il était terrifié. Et Haruki l’était aussi. Ses yeux se remplirent de larmes, ne comprenant pas ce qu’il avait fait. Il savait qu’il avait fait quelque chose, mais ne savait pas exactement quoi, et encore moins comment.

Les parents avaient bien senti (et entendu) le changement d’ambiance total et étaient donc venus voir le groupe d’enfants. La mère d’Haruki le tourna vers elle. Elle avait peur de comprendre ce qui venait de se passer. Et vu que l’enfant victime du mutisme temporaire pouvait de nouveau s’exprimer normalement, en l’occurrence il s’était mit à pleurer avec le son cette fois, la mère d’Haruki comprit effectivement que ce qu’elle avait imaginé était arrivé. Elle serra son fils dans ses bras et s’excusa auprès des parents avant de rentrer rapidement chez eux.

Haruki regarda sa mère une fois rentrés et s’exprima, entre deux sanglots.

« Maman…j’ai fait une bêtise… ? »

Elle secoua la tête.

« Non bien sûr que non… »

Il ne pouvait pas faire une bêtise s’il n’était même pas au courant que c’était possible. Mais elle lui avait bien donné son alice, qu’elle avait eu aussi longtemps qu’elle s’en souvenait, et cette histoire d’alice n’était pas forcément une bonne chose pour elle. Elle espérait vraiment que les choses aient changé… Elle en parla à son mari qui comprenait les inquiétudes de sa femme et fit de son mieux pour la rassurer.

Le soir même, Haruki était censé dormir mais il en était incapable. Il fixait le plafond, et avait l’impression que son corps entier était en feu. Il se leva, mais hésita un moment. Peut-être ne devait-il pas se lever… Ses parents étaient déjà inquiets, il l’avait bien vu… Mais quelque chose était bizarre… Il finit de se convaincre d’aller voir ses parents.

« Maman…Papa… Il fait chaud… »

Ses parents vinrent le voir et réalisèrent qu’il avait de la fièvre. Sa mère s’inquiéta encore plus en réalisant à quel point tout ça était compliqué et ne put retenir ses larmes, s’excusant à son fils en le serrant dans ses bras comme si c’était sa faute.

Cet événement finit par convaincre ses parents que leur fils devait potentiellement aller dans une école, avec d’autres gens comme lui, d’autres Alices.

Mais la mère d’Haruki, bien que sachant que ce serait peut-être mieux, pour qu’il réussisse à contrôler ce que certains appelleraient un don, d’autres un maléfice, ne pouvait accepter. Elle y était passée, par une école pareille, et jamais elle ne ferait vivre ça a son propre fils. Jamais.

Mais après de longs moments de réflexion, elle se rappela une discussion qu’elle avait eu avec un ancien camarade de classe de l’époque peu après la naissance de son fils.

Une nouvelle école avait ouvert, quelques temps auparavant, et de ce qu’on lui avait dit, c’était mieux. Beaucoup mieux. Elle espérait tellement que ce soit vrai.

Elle rentra donc en contact avec cette école en question, et tout le bordel administratif pour son inscription commença.

Lors de la 1ère visite, si on peut dire, de l’académie, la méfiance émanant de la mère d’Haruki a probablement fait fuir certaines personnes.

Haruki était donc dans cette académie maintenant, et ses parents devaient repartir. Même s’ils pouvaient voir leur enfant, Haruki lui, ne voulait pas qu’ils partent.

« Je veux pas ! Je peux pas ! Ils vont pas m’aimer, je suis bizarre ! »

Après de longs dialogues rassurants, les deux parents repartirent, avec grand mal, mais au moins avec l’assurance de pouvoir revoir leur enfant. Et Haruki savait qu’ils viendraient.

Bon euh maintenant, il fallait juste s’intégrer… avec des gens qui ne lui ressemblaient en rien, à part peut-être un don(?) qui vient d’on ne sait où.