Une chance.

Une chance que la chambre dans laquelle Haruki…vivait, si on peut dire, était confortable comme elle était. Ce n’était pas un palace, les palaces c’est surcoté, mais c’était suffisant.

Sauf que, cette chambre, elle n’était pas destinée à une seule personne. Et ça, visiblement, Haruki l’avait totalement zappé. Malgré le fait qu’il avait lui-même fait l’expérience de cette chambre double, lorsqu’il n’était qu’un enfant, à son arrivée.

« La chambre est occupée par deux personnes, un jeune et un plus âgé pour de l’entraide ou je ne sais quoi… Super, j’adore être babysitter. »

Il aurait bien aimé finir en chambre seul, mais bon, c’était comme ça, et puis au moins il avait une chambre. Vu que ce que lui avait raconté brièvement sa mère, une fois qu’elle l’estimait assez grand pour savoir, à propos de l’autre…école ? de ce type, finalement, il était assez bien logé, ici. Bon, il pourrait bien supporter la présence d’un gosse. Mais il se fit une note mentale.

Pensez à prévoir des boules quies.

Ou du moins l’équivalent disponible. Parce que, s’il se rappelait bien de comment il était enfant, un enfant n’était que rarement calme. Enfin, peut-être n’était-il pas le meilleur exemple pour un enfant…

On aime crier sur des gens pour qu’ils se taisent, et que d’un coup ils deviennent muets. Temporairement, mais quand même. Il pourrait presque s’appeler un monstre. Des cheveux bizarres, un alice bizarre, une culture bizarre, sciée entre deux mondes.

Et un bâillement. Décidément, se dénigrer, ça fatigue. Et puis si ses parents entendaient ça, surtout sa mère, ça passerait difficilement. Mais ils ne sont pas là, donc c’est gratuit.

Surtout qu’au final, ses cheveux, ils étaient énormément classes. Faut bien finir par s’apprécier un jour.

Du bruit se fit entendre de l’autre côté de la porte, Haruki se redressant, pour montrer un semblant d’intérêt pour l’individu qui passerait cette porte. L’individu, l’enfant, le machin…

Peut-être ne se l’avouait-il pas, mais il avait bien envie de savoir qui viendrait. Était-ce de la curiosité véritable, ou était-ce par intérêt par le futur proche de son sommeil ? Peut-être les deux, après tout.

Ou peut-être pas.

Il fixait la porte, alors que celle ci s’ouvrait.


   

Une fois la porte ouverte, il vit ce à quoi il s’attendait dans l’encadrement de celle-ci. Un adulte de l’académie, accompagnant une gosse aux cheveux bleus.

Ok, bienvenue dans la chambre des gens aux cheveux bizarres. Pas que ça le dérange, il avait… « inauguré » cette chambre avec ses cheveux roux. Peut-être finirait-il par se sentir moins seul avec cette enfant aux cheveux couleur de ciel. Mais pour l’instant, tout ce qu’il pensait, c’est qu’elle était…très…bruyante. Les boules quies étaient donc réellement de mise, alors. Il tenterait d’aller à la ville à un moment, pour se procurer un truc de ce type.

Il voulut lui dire bonjour, histoire d’avoir l’air un minimum poli, mais visiblement, ça ne l’intéressait pas, cette gosse, car elle ne le laissait pas en placer une… bien qu’il trouvât rapidement une opportunité d’ouvrir sa bouche.

« Très bien, je ne m’en rappellerais pas alors ! »

Ça ne lui posait absolument pas problème, si c’était absolument ce qu’elle désirait. Au contraire, actuellement, cette…présentation ne lui donnait absolument pas envie de devenir ami, camarade, autre, avec cette enfant. Et elle ne semblait pas vouloir d’amis, de toute façon.

De toute façon, comment devenir ami avec un enfant infiniment plus jeune que lui, et qui plus est ne voulait pas d’amis, lui échappait totalement. Donc au final, c’était mal barré. Et puis il n’allait actuellement pas essayer.

« Je m’appelle Haruki. »

Elle posait des questions bizarres, cette enfant… Ce qu’il avait fait pour être là ? Mais ce n’était pas une prison, et ses actes n’étaient pas des crimes… Se disait-il alors que l’apparition de son alice durant son enfance l’avait absolument terrifié.

« Ce que j’ai fait ? C’est un secret. »

Ah, ça l’avait marqué quand même. Ça n’était pas si facile d’en parler encore, hein… Et puis ça ne la regardait pas. Il en parlait s’il voulait, et surtout, à ses amis. Pas une inconnue qui venait d’entrer dans la pièce et qui voulait déjà en repartir. Et qui défendait une peluche corps et âme.

« Je ne vais pas y toucher, ta peluche, t’inquiètes pas. »

S’il avait envie d’une peluche, il s’en trouverait une lui-même. Il n’avait rien contre les peluches, au contraire, c’était toujours apprécié et appréciable.

Quand même, si jeune et déjà les chevilles qui gonflent… Même lui n’était pas aussi arrogant, alors que ça lui arrivait parfois, bien que ce soit sûrement pour cacher d’énormes insécurités.

« Une alliance politique ? Je ne suis pas fan de politique, mais…si tu veux oui. »

Il serra rapidement la main de l’enfant, sans plus de conviction.

Vraiment étrange, celle-ci.



 

Avait-il honte de son alice ? Il ne pensait pas en avoir honte mais…pour autant, son alice n’était pas un sujet aisé, pour lui. Sûrement qu’il était utile aux yeux de certains, et il ne pouvait pas dire le contraire lui-même, mais même s’il grandissait avec, il avait quelques doutes au sujet de cet alice. Et puis il réduisait bien son énergie vitale, ce machin.

Mais ce n’était pas une honte, peut-être…

Il regarda l’enfant et ne put retenir un rire amusé en la voyant plier ses bras, comme si une présence de muscles était visible.

Alliance conclue entre eux, donc. Il allait la laisser tranquille pour qu’elle vide sa valise, pour que lui retourne à ses pensées, mais il entraperçu un mouvement du coin de l’œil. Il dirigea son regard vers l’origine du mouvement, à temps pour voir un bout de papier atterrir sur le sol de la pièce.

Vraiment, des gens avaient du temps à perdre. Il écouta l’enfant réciter ce qu’un individu louche avait écrit sur ce vieux bout de papier ridicule, puis leva les yeux au ciel. Il avait potentiellement oublié ce détail : Il y avait des idiots partout. Et insulter la couleur des cheveux des gens, c’était tellement facile.

Il hésita un moment, se demandant s’il allait se lever et terroriser les individus ayant fait ça. Haruki s’était toujours dit qu’il avait un talent pour faire peur aux gens. Il était prêt à se lever, mais les paroles de Lio le firent changer d’avis. Finalement, c’était une perte de temps. Il préférait rester là avec l’enfant, dont les paroles le faisaient sourire.

« C’est clairement de la jalousie, oui ! »

Il lui avait fallu des années pour se dire que ses propres cheveux étaient beaux, mais maintenant qu’il les appréciait, personne ne lui retirerait ça. Il la regarda brièvement, voyant qu’elle mettait ses écouteurs, et il se décida donc à retourner à son occupation d’avant son arrivée, bien qu’il ait oublié ce qu’était cette occupation, mais tant pis.

De toute façon, sa colocataire avait eu une idée soudaine, elle l’avait surpris d’ailleurs, et d’autres projets. Il se prit soudainement un oreiller dans le visage et le ramassa, la fixant.

Ah elle voulait jouer à ça donc. Eh bien, il allait jouer, avec plaisir.

Il la regarda simuler un combat de boxe et se mit à rire, avant de se lever, et de lancer l’oreiller à son tour, bien que moins fort, de par la taille et l’âge de l’adversaire devant lui.

« Bien sûr ! »

Finalement, elle était assez drôle, comme gosse.

Il se mit en position de défense, récupérant un autre coussin, oreiller, chose à lancer, prêt à la suite.

 

Il ramassa l’oreiller qu’il venait de se prendre au visage, et voulu le relancer, mais soudainement, l’enfant aux cheveux bleus s’agrippa à sa jambe. Cela le surpris, et la surprise de ce genre de mouvement était rarement appréciable, mais bon, il ferait avec, secouant la jambe doucement, histoire qu’elle ne se mette pas à… rendre son repas sur lui. Ce serait sympathique.

Sauf qu’elle ne lâchait pas. Et il ne voulait pas lui faire mal, vraiment, ce n’était pas son but, mais les paroles qui vinrent après pouvaient potentiellement lui faire voir rouge.

C’est ça qu’il avait oublié à propos des enfants. Trop jeune pour savoir, et ça croyait déjà tout connaître. Haruki ne se trouvait pas enfermé ici. Au contraire. Mais forcément, elle, elle ne semblait pas intéressée par ça. Préoccupée par sa propre vision des choses. Peut-être que pour elle, son alice était un potentiel, mais pour lui, potentiel ou pas, c’était presque une malédiction.

Pour lui comme pour les autres. Bien que la manipulation des mouvements des gens soit, clairement, très utile, il ne le cachait pas, c’était… presque cruel ? Et puis à part ça, ça le rendait malade. Ou pire. Donc bon. La différence de points de vue était…énorme.

Il la laissa s’exprimer, non sans agacement, après tout elle avait besoin d’extérioriser, grand bien lui fasse. Mais il n’était pas là pour l’écouter étaler ses problèmes passés.

Un coup de poing dans le mur fut lâché, et elle avait beau avoir un âge moindre, ce serait sympa si elle n’abîmait pas tout de suite les murs. Bon, ok, ça lui était arrivé de s’énerver sur un mur, mais ça n’était pas le sujet.

Il se sentait de plus en plus agacé. C’était dommage, ça avait si bien commencé, et voilà que d’un coup, ça avait changé.

Il la regarda, soupira et s’exprima enfin, la plus jeune s’étant enfin tue.

« Je pense que chacun a son point de vue. »

Sans qu’il ne le remarque, sa main se dirigea vers son oreille, plus particulièrement la boucle d’oreille qui ornait celle-ci, son limiteur, si utile, surtout dans ses moments de colère, qu’il pouvait avoir comme tout le monde, mais qui étaient si différents en même temps. Et il pouvait comprendre le coté opprimant de cet objet, mais en même temps, il était bien heureux de l’avoir…

« Chacun a son point de vue, chacun est dans une situation différente. Ça ne te plaira pas, mais c’est comme ça. Peut-être, sûrement, que tout le monde ne se sent pas prisonnier ou restreint ici. »

Elle avait beau être jeune, rien qu’une enfant énervée, il n’allait pas pour autant cacher la vérité.

Il regarda Lio, satisfait du fait qu’elle était beaucoup moins énervée, et, lors d’un moment de silence, il réalisa plusieurs choses. Déjà, sa main sur sa boucle d’oreille, qu’il retira immédiatement, et l’anxiété qui avait suivi les éclats de voix de l’enfant. Il s’éclaircit la gorge, tentant de dégager cette fameuse boule qui donnait l’impression que tout était bloqué.

Mais ça ne fonctionnait pas comme ça, le silence fut plus efficace, son anxiété s’atténuant légèrement.

Il finit par sourire en entendant ses excuses. A vrai dire, il ne lui en voulait pas, elle avait visiblement senti le besoin de s’exprimer, et il ne l’avait pas empêchée, ce n’était pas son style, d’empêcher quelqu’un de s’exprimer. Lui-même était assez direct quand il voulait parler, dire ce qu’il pensait. Comme il venait de le faire. Un rappel à l’ordre pas trop violent, car après tout son interlocuteur n’avait pas son âge, mais efficace.

Il l’écoutait attentivement, car il savait bien qu’elle avait son propre point de vue, mais s’il devait exposer le sien, elle devait avoir la possibilité de faire de même. Et si elle le faisait, il devait pouvoir le faire aussi. Il hocha simplement la tête, estimant qu’il n’avait pas besoin de parler, ce n’était pas nécessaire.

Il sortit soudainement de ses pensées à ce sujet, réalisant qu’un papillon volait autour de lui. Il comprit que c’était Lio qui faisait ça et un sourire marqua son visage de nouveau. Il l’observa se changer en colibri, puis en coccinelle, et son regard bleu s’illumina lorsque ce fut une luciole.

Il aimait tellement observer ces bêtes lumineuses quand il était petit. Il ne voulait pas rater un soir d’été ou ces insectes volaient dans les airs, peu importe si sa propre santé était au beau fixe ou non.

« Merci, pour ce spectacle. »

Et la question qu’il se doutait aller arriver, arriva.

« Je me plait ici parce que… La découverte de mon alice a été…toute une histoire, et ça sera toujours une longue histoire. Quand j’ai su que d’autres gens étaient comme moi, ma mère incluse, je me suis dit, je ne suis pas tout seul, et ça m’a rassuré. »

Il fit une pause, se demandant s’il commençait à s’égarer dans ses paroles ou non.

« Puis ma mère m’a raconté sa scolarité en tant qu’Alice, et forcément, je n’étais clairement pas à l’aise en découvrant sa propre expérience. C’est aussi pour ça que je me dis que cet endroit n’est pas forcément quelque chose de mauvais. Car ça aurait totalement pu l’être. »

C’est joyeux tout ça dites donc.