« Bien sûr que mes parents me manquent car ils ne sont pas là tout le temps ! Je suis arrivé ici je n’étais qu’un enfant. Peut-être ton âge. Et je ne voulais pas venir, j’étais convaincu que parce que je n’ai pas un physique "traditionnel" personne ne m’aimerait, alice ou non. »

Lio écoutait malgré les sanglots qu'elle ne pouvait plus retenir.

« Je ne pense pas que d’être dehors soit…dur, mais si on ne sait pas pourquoi on a cet alice, et pourquoi personne d’autre ne l’a, ça peut être compliqué. » dit il avant de s’asseoir à hauteur de  la fillette en larmes.

« Les responsabilités, je ne pense pas que ça soit toi qui les ai pour l’instant. »

Lio ne savait pas trop quoi faire avec cette dernière phrase, Maman parlait de responsabilités mais la fillette n'était même pas sûre de tout comprendre.

Elle savait cependant une chose.

« Moi je t'aime bien, car tu ne m'en veux pas de vouloir partir, à l'académie alice on se moquait de moi, de mes fugues, on me disait rebelle, mais moi je veux juste être libre. » renifla la petite fille avant de lever la tête de son doudou : «  De plus tu es courageux ! Tu arrives à vivre sans ta Maman moi sans Maman et Masao... » Les yeux se remplirent à nouveau de larmes : « Sans Maman et Masao je suis perdue je dois les retrouver et ne plus jamais les quitter tu comprends ? »

Ce qu'on comprend surtout c'est que Lio n'est encore qu'une petite fille de neuf ans qui a tant besoin chaque jour de sa famille mais elle ne les verra plus chaque jour et ça pour le moment elle n’arrivait pas à l'accepter sans colère ou tristesse.

«  Je vais trouver un moyen de rentrer chez moi ! » dit-elle en essuyant ses larmes de sa paume les sourcils froncés. Elle se retourna vers Haruki.

« Haruki quand ma maman me manque je serre fort mon doudou, Maman adore coudre et elle m'a appris, un jour je voulais un copain à Roméo mon doudou alors j'ai cousu un petit mouton. Je l'ai dans mon sac, il est pas parfait mais je te le donne ! »

Elle sortit une petite peluche de son sac, un petit mouton.

«  Comme ça en plus tu m'oublieras pas quand je serai partie d'ici. »

Elle fit une pause et sourit malgré son minois encore humide : «  Entre cheveux de ciel et cheveux de soleil on ne peut pas s'oublier n'est-ce- pas ? »

Les si beaux cheveux d'Haruki.

« Je comprends que tu veuilles partir. Si c’est vraiment ce que tu veux, je respecte. Ce sera dommage, mais bon. Je ne suis pas le genre à empêcher quelqu’un de faire ce qui lui convient. »

Haruki ne lui en voulait pas de partir au contraire il l'encourageait. La gamine n'avait jamais entendu ça mais elle en respectait que plus le jeune homme.

« Merci… C’est gentil. Elle est jolie. Et ne t’inquiètes pas, je ne t’oublierais pas. » dit-il acceptant la peluche qu'elle lui donnait.

«  N'est ce pas Maman et moi on coud de jolies peluches ! » dit elle toute fière.

« Tu…veux peut-être parler de ta famille ? Ou pas, c’est comme tu veux. Je peux te parler de la mienne aussi. » exprima le jeune homme avec un sourire mélancolique.

Lio serra  un peu son doudou chat et commença : « D'abord il y a mon papa mais mon papa il me déteste il dit que je suis une erreur de jeunesse mais avant que je naisse il m'aimait ! » Elle brandit sa peluche chat : «  Roméo mon doudou il l'a donné à maman pour son enfant plus tard ! » Elle serra le petit chat en peluche roux : « Alors mon doudou c'est un peu l'amour de mon papa. »Le regard de l'enfant se perdit dans le vague en disant : « Alors ça va ! »

« Et puis il y a  Maman, son prénom c'est Lou et son nom comme le mien ! C'est jolie Lou hein ? Elle a des cheveux bleus comme moi ! Et elle est super forte Maman ! » Lio eut un grand sourire en en parlant : «  Elle peut faire que le vent il soit en vie et après il la porte et lui parle ! Des fois on allait voler et les gens ils étaient petits comme des légos moi j'aime bien les légos car on peut construire le monde entier avec ! »

Elle rit en expliquant : «  Une fois j'ai construit une immense tour en légos rouge, bleu, jaune, vert plein de couleurs et Masao a dit qu'elle était belle j'étais très fière ! »

« Masao c'était le professeur de Maman et c'est mon parrain !  » reprit le fillette avec un sourire qui se fane un peu : « Il est très malade à cause de son don son sang devient feu au contact de l'air, une fois il y a eu un accident et ça a brûlé le rideau  de chez lui, on a eu peur mais Maman a réussi à étouffer le feu avec une couverture et à faire cesser son bobo assez rapidement. Masao n'arrêtait pas de s'excuser après ! » L'enfant eut une petite mine renfrognée d'incompréhension : « Pourtant ce n'est pas de sa faute ! »

« Moi en tout cas je voudrais que Masao aille mieux ! Masao il le mérite ! Il s'est occupé de moi petite la première année car Maman n'était pas bien après l'hôpital mais je ne m'en souviens pas bien...En revanche je me souviens qu'il était très là après et il me racontait plein d'histoires ! Masao il est doué pour inventer les histoires ! »

« Maman elle est très maladroite c'est peut-être pour ça qu'elle ne vient pas me sauver moi aussi je suis maladroite mais moins alors je vais réussir à me sauver d'ici ! » s'entêta la petite fille avant de dire en un sourire : « Et je retrouverai Masao et Maman ! » Elle regarda Haruki et son doudou : « Hein que c'est vrai Haruki et Doudou Roméo ! »

Bien sûr elle n'attendait pas de réponse surtout du doudou mais elle était contente de ce constat.

« Et toi Haruki elle est comment ta famille ? » osa t'elle alors.  

« Il le mérite sûrement oui ! » dit Haruki dans un sourire forcé après s'être absenté un instant. Lio ne comprit pas pourquoi mais elle sentait bien qu'elle lui avait fait de la peine. Elle baissa la tête honteuse.

« Ma famille a moi ? Mes parents sont gentils. Ma mère a un alice, le même, mon père n’en a pas. Il vient d’un autre pays. »

La petite main de Lio saisit le pantalon de l'adolescent : «  Haruki est ce que je t'ai fait de le peine ? » demanda t-elle d'une toute petite voix. «  Je vais être forte et tout le monde m'aimera même Papa ! » La voix de l'enfant vibrait de douleur. «  C'est car je suis faible que Maman ne vient pas me sauver et que Papa me déteste alors je vais tout faire pour être forte ! »

Comme beaucoup d'enfants Lio reportait la faute de son père et l'absence de sa mère sur elle. Si tu es seule c'est que tu le mérites, si on te laisse ici c'est que tu es faible, tu dois prouver ta force pour mériter notre amour voilà ce qui trottait dans la tête de la petite fille.

Mais même si Lio devenait plus forte son père la rejetterait toujours et sa mère la laisserait toujours à Howalon. Tout au plus la petite fille pourrait mieux supporter les épreuves de la vie. C'est déjà ça au fond. Lio est si petite et si forte déjà.

Elle essuya sa bouille un peu humide et sourit un peu tristement à Haruki comme sentant que lui aussi cachait une blessure peut-être autre qu'elle ne comprenait pas : «  Alors soyons fort à deux d'accord Haruki ? »

L'air tourbillonna et une luciole se posa sur le nez d'Haruki, l'enfant rit et lui prit la main dans une danse un peu maladroite.

« Plus vite ! » tourbillonna la fillette jusqu'à tomber les fesses à terre dans un rire : «  Ah ah ah trop vite ! »

Lio s'exclama alors joyeusement : «  Haruki tu es mon frère de cheveux ! Alors raconte moi des souvenirs avec tes parents gentils ! »

Des souvenirs car c'est tout ce qu'elle possédait dans ses petites menottes cette petite fille nommée Lio, des bons des mauvais mais des présents, un passé qu'elle cherche à attraper dans un futur incertain.

Mais qu'importe, elle souriait Lio, elle était une enfant, une enfant qui peu importe les obstacles croquera cette vie à pleine dents et tentera de transmettre cette énergie à qui veut bien la prendre. A Haruki son frère de cheveux en premier.

Danse ta vie danse, allez danse et danse avec moi ! Sinon tous ces éclats de rires dis qu'en restera t'il ?

« Hmm… Ma mère, je me rappelle de quand elle parlait de choses qui l’intéressaient énormément. Son visage était comme illuminé, elle avait un grand sourire, elle l’a toujours, mais enfant, j’adorais ça. Ça pouvait presque chasser les nuages devant le soleil. » Dit Haruki.

« Elle sourit comme Amaterasu ? » sourit avec bonheur Lio.

« Amaterasu est une divinité japonaise du soleil, son sourire est lumière ! Masao m'a racontée une fois ! » expliqua la fillette. «  Elle règne sur la plaine nommée Takama-ga-hara dans le royaume des dieux et elle veille à ce que les plantes donnent de bonnes récoltes ! Grâce à la lumière qu'elle propage  mais son frère était jaloux de ses pouvoirs! »

Lio se leva d'un bond coussin à la main qu'elle secoua vivement dans l'air en s'exclamant : « Il engagea une guerre et détruisit récoltes et blessa même des animaux divins, honteuse de n'avoir rien su faire  Amaterasu s'enferma dans une grotte. »

Lio se glissa sous son lit en vitesse avant de continuer : «  Le soleil disparut et le japon sombra dans la tristesse et le désastre, des catastrophes naturelles comme des typhons arrivèrent. Mais la déesse ne le savait pas, dans sa grotte honteuse elle ressassait ses
mauvaises pensées de honte.  »

Lio prit une inspiration et continua: « Il fallait bien que cela s'arrange alors une fête fut organisée avec la déesse de la gaieté Ama no Uzume, on dansait on riait et la curiosité de Amaterasu fut plus forte elle sortit de la grotte, Amaterasu  éblouie de joie oublia sa honte et le monde retrouva la lumière du soleil ! »


Lio était restée sous son lit et n'en sortait pas : « Tu as dit que je ne suis pas faible Haruki. J'aime bien les contes mais je n'y crois pas vraiment, fin je doute un peu plutôt, mais je sais une chose de sûre les gentilles paroles ça fait du bien alors... » Elle sortit de sous le lit dans un beau sourire : « Alors merci ! »

« Quand j'étais triste Maman me chantait une chanson  Haro ! Hawayu ?, Bonjour ! Comment vas tu ? J'aime beaucoup cette chanson Maman c'est Lou Hopkins mais son nom de scène est Fujita tu connais ? Elle a même chanté à l'étranger ! »

Lio eut un rire : «  Par contre moi je chante faux faut croire que ce n'est pas héréditaire alors je t'épargne une démonstration ! »  Lio ramena ses genoux sous son menton dans un sourire : «  Mamana avait aussi un sourire de soleil un sourire comme Amaterasu , tu crois que les mamans ont toujours des sourires de soleil Haruki ? » demanda la encore si jeune Lio.

Et pourtant : « Non c'est bête comme question sinon mon papa aurait aussi un sourire de soleil...Hum … Haruki... » Elle mit son visage un peu plus calé sur ses genoux : «  Tu crois que Papa aura un sourire de soleil quand il me verra un jour ? »

Mais très vite la mélancolie fit place à la bonne humeur : « Je t'ai raconté une légende japonaise alors c'est ton tour Haruki de me raconter une histoire à toi que tu connais japonaise ou pas peu importe ! »

Elle sourit de toutes ses dents en s'exclamant : «  Masao est le meilleur raconteur d'histoire ! » elle plia le bras : «  Mais je suis sûre que toi et moi on va se montrer à la hauteur. »

Elle eut un rire heureux puis attendit dans un sourire après un hochement de la tête heureuse, la fameuse histoire.

« Mon père me racontait, quand j’étais petit, l’histoire des créatures appelées Elfes, dans son pays de naissance. C’était ses grands-parents qui lui racontaient ces histoires.  Il est dit que les elfes sont plus beaux à regarder que le soleil lui-même, mais qu’ils ne sont pas souvent visibles aux yeux des humains. On raconte que leur apparence change en fonction des saisons, et qu’ils ont une magie extraordinaire. »

La fillette était restée silencieuse, attentive tout le long de l'histoire. Elle réfléchissait : «  Ce serait bien que les elfes existent ils pourraient nous aider... » Elle secoua la tête : «  Mais ça n'existe pas et au fond ce n'est pas plus mal je suis sûre que si ça existait les gens feraient tout pour les enfermer dans une école eux aussi ! »

Elle s'assit sur son lit et fit tourner l'air un chaton immatériel apparut et se blottit à ses cotés, elle caressa le souffle, l'animal se mit à ronronner. Cela l'apaisa un peu. Elle sortit un album photo à la couverture verte de son sac d'école.

«  C'est Masao et Maman qui l'ont fait ! » sourit elle à Haruki.

Elle l'ouvrit sur un nourrisson aux cheveux bleus près d'un homme semblant malade et recouvert de lait en poudre. Lio rit en montrant la photographie. «  Masao s'est beaucoup occupé de moi la première année, il paraît que j'étais un bébé turbulent ! »

Elle tourna la page, une toute petite fille entre trois et quatre ans serrait dans ses bras un chat en peluche. «  C'est quand j'ai retrouvé mon doudou Roméo, Maman l'avait caché sous son lit mais moi je l'ai trouvé ! » Elle serra le chat en peluche dans ses bras.

Elle tourna la page. Une fillette devant une école primaire de cinq ou six ans en uniforme faisait des oreilles d’Âne à un petit garçon à la tignasse brune en bataille et riait avec une fillette aux courts cheveux noirs avec une barrette rouge fleurie. « Hido et Hika, ils sont frère et sœur d'un an de différence et avant qu'on ne commence à fuir avec Maman ils étaient mes amis d'école primaire ! » Lio rit : «  On faisait les quatre cent coups une fois on a libéré les grenouilles de la classe en dansant la danse de la liberté, cela nous a valu 200 lignes mais cela valait le coup ! » Elle regarda Haruki avec un grand sourire :  « Quand je sortirai d'ici j'irai leur faire coucou ! On était potes ça ne s'oublie pas ça ! »

Elle tourna la page sur une photographie d'elle et sa mère en selfie, elle devait avoir huit ans sur la photographie c'était un jour ou deux avant qu'elle ne soit prise, elle reconnaissait le village. D'une petite voix douce l'enfant caressa la photographie : «  Ma maman elle est belle hein, bientôt notre séparation ne sera plus qu'un mauvais souvenir ! »

Elle posa le petit album photo sur son lit et tourna la tête vers Haruki : «  Et toi tu étais comment petit et ta famille ? Tu as des photos ? Si non c'est pas grave raconte moi ! » encouragea t-elle d'un grand sourire.

Car les mots guérissent et dans la tête leur douceur revit un peu berçant les cœurs.